20 Juin 2014
Le 21 juin, jour le plus long de l'année correspond au solstice d'été.
Cependant, c’est dans la nuit du 23 au 24 juin que l'on fête traditionnellement la nuit la plus courte, la nuit magique où la frontière entre le monde visible et invisible est mince, si mince qu'il n'est pas rare ( enfin, si c'est rare !) d'apercevoir sur la lande, dans la forêt ou aux abords des clairières; les êtres magiques, fées, lutins, elfes, élémentaux et licornes. Les initiés de l'ancienne religion perpétuent cette nuit-là, les rites qui permettent de communiquer avec ce monde enchanté.
Votre curiosité est en éveil ? Vous aimeriez en savoir davantage ?
Alors, je vais vous livrer le récit plus ou moins édulcoré du début de mon initiation. Cette histoire n'est pas secrète, cependant, est-elle réelle, imaginaire ? Allez savoir...
Pour commencer, remontons le temps.
Comme la plupart des héritiers de l'ancienne religion, ma famille s'est "fondue" dans le christianisme, le catholicisme dans mon cas. Adopter la nouvelle religion pour ne pas disparaître complètement et continuer à transmettre en toute quiétude et hors des persécutions de l'inquisition, secrets et légendes, c'est ce que mes ancêtres bretons ont choisis de faire.
Le christianisme a d'ailleurs absorbé, modifié et repris à son compte nombre de symboles de l'ancienne religion sous la pression secrète de certains Ordres...
Le solstice d'été, ancienne fête de protection des moissons, ancienne fête de la fertilité fait partie de ces célébrations devenues chrétiennes pour que l’ancienne religion survive cachée... Ce n'est pas par hasard si Saint Jean le baptise est fêté ce jour-là. Et les feux restent les symboles de l’initiation, du baptême…
Mes souvenirs des fêtes de la Saint Jean remontent aux années 1960,
Nous avions à l cette époque-là, une maison de campagne. Elle était située à Berfay, petit, tout petit bourg de la Sarthe.
C'est dans un champ que nous prêtait un ami de mon père (agriculteur) que cela se passait chaque année. Aussi loin que remonte ma mémoire, nous avons toujours allumé un grand feu ce soir-là dans la clairière. J’attendais avec impatience d'avoir le droit de sauter au-dessus du feu en tenant la main de mon papa.
Ma famille, oncles, tantes, cousins et cousines, des amis, des amis de leurs amis venaient ce weekend-là de toute la France pour les feux. Nous étions donc très nombreux ! Combien, je ne me le rappelle pas... Les gens étaient logés soit chez nous, soit chez un autre ami, Auguste (qui avait loué une maison de campagne à côté de la nôtre : comme par hasard !) et aussi à l'hôtel à Vibraye.
En y repensant, qu'elle organisation !
Une année en 66 je crois, mon père m'a pris à part juste avant le début des festivités pour me demander si je connaissais toutes les légendes qui étaient racontées par les uns et les autres ce soir-là .Je les connaissais déjà toutes par cœur au mot près bien sûr ...Rien d'étonnant à cela, mon père me les racontait tout au long de l'année !! En français, parfois en breton, mais là j'ai oublié...Il ne me reste que quelques bribes.
Alors, mon père m'a simplement dit : Ce sont des légendes certes : peut-être pour le commun mais pas pour notre famille et pas pour tous ces gens rassemblés ce soir. Pour notre part, nous descendons de ceux qui un jour (avec le futur saint Guénolé) ont accosté à Landevenec en Bretagne. Ils ont fait souche tout près de là et plus loin maintenant au fur et à mesure des générations. Certains sont partis dans des terres lointaines, en Amérique au Québec et même en Asie)... Ces ancêtres avaient en mémoire les connaissances nécessaires à la survie de leurs croyances travers les siècles
Un enfant de chaque famille est choisi vers ses dix ans pour reprendre le flambeau et transmettre à son tour nos connaissances. Les générations perdent peu à peu, on le sait, le sens caché de nos transmissions mais peu importe, chacun les retrouvera à son heure.
Il n'y a pas de gravité à dire les choses que tu sauras, pas de difficultés particulières. Tu ne dois pas avoir peur de toi-même .Tu dois simplement être de ton temps, dans ton temps tout en gardant au fond de toi la connaissance de notre réalité propre.
Ce soir-là, j'ai compris pourquoi mes camarades de classe de l'école primaire la garenne à Clamart (comme cela, je salue au passage mes anciennes camarades de classe !) me prenaient pour une sorte de sorcière (bon, j’aurai préféré qu'elles me prennent pour une fée, mais non).
Je leur racontais avec beaucoup de détails mes histoires de famille, de maison hantée par ma grand-mère et par quelqu'un d'autre... Les histoires pittoresques de ma famille à travers les âges.
Comment un aïeul hypnotisait les gendarmes pour s'enfuir alors qu'il braconnait.
Comment mon arrière-grand-mère avait prédit la chute du second empire et les deux autres guerres. Pour la suivante, je le dirai un autre jour...
Comment mon autre arrière-grand-mère savait que son mari, officier pendant la première guerre allait disparaître au fort de Douaumont etc...
Comment Maman avait prédit des inondations qui devaient couter la vie au beau père de sa sœur etc...
Je dois dire au passage,, que mes deux parents n'exerçaient pas du tout une profession liée au paranormal quoique : la radiologie qui permet de voir au-delà du corps visible ...
Pour continuer, mes loisirs étaient studieux sans que je m'en rende compte : je devais lire tel ou tel livre, apprendre certains textes, en recopier. Lorsque nous allions en forêt, mes parents me racontaient les arbres et leurs secrets, les plantes, les herbes. Ils étaient écolos avant l’heure, cuisinant des produits naturels, commentant les recettes et leurs histoires...
Au fur et à mesure, j'ai étudié les symboles, le sens caché de certains écrits, etc...
Mais, revenons au solstice 1966 à Berfay :
Ce soir-là, mon papa m'a pris la main et nous avons sauté ensemble au-dessus des feux de la saint Jean, c'était aussi sa fête car il se prénommait Jean-Marie.
La suite ne se dit pas beaucoup, j'ai simplement pris acte de ce qui me revenait puis, le temps a passé avec mai 68, l'adolescence, le bac, les études supérieures, le mariage, les enfants.
Les feux de la Saint Jean se sont éteints pour moi avec la disparition de mon père et les distances prises avec son enseignement.
Enfin, Les légendes ont un jour pris sens pour moi, j'ai su tout ce qu'il fallait faire pour savoir et avec qui je devais cheminer pour transmettre la connaissance...
Les feux du solstice brulent maintenant différemment de ceux de mon enfance, la fête de la musique aurait-elle pris le relais ?
Andaine Dulac.